mercredi 1 juin 2016

La végétarienne 채식주의자 de Han Kang*****


Editions Le serpent à Plumes, mai 2015 
260 pages
Date de parution originale en Corée : 2007
Traduit du coréen par Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot
Prix international Man Booker 2016

Les Thèmes : autodestruction, folie, érotisme, anorexie, fantasme, bouddhisme

4ème de couverture


Une nuit, elle se réveille et va au réfrigérateur, qu'elle vide de tout ce qu'il contenait de viande. Guidée par son rêve, Yonghye a désormais un but, devenir végétale, se perdre dans l'existence lente et inaccessible des arbres et des plantes.

Ce dépouillement qui devient le sens de sa vie, le pouvoir érotique, floral, de sa nudité, vont faire voler en éclats les règles de la société, dans une lente descente vers la folie et l'absolu.

Critiques de la presse


"Une fable étrange et éthérée, rendue plus fascinante encore par la précision et la fraîcheur de sa prose." The Times Literary Supplement

"La Végétarienne est une expérience extraordinaire." The Guardian

Mon avis   ★★★★★


Coup de coeur pour ce roman atypique, étrange, surprenant, fascinant, inoubliable. Rien que ça !
J'ai été happée par cette lecture, par l'histoire de cette femme qui se métamorphose sous nos yeux et qui persiste jusqu'au bout à suivre sa destinée. J'ai vibré avec elle, souffert avec elle.
Cette lecture donne matière à réfléchir, les thèmes abordées sont nombreux :l'anorexie, la peur du jugement si on ne suit pas les chemins de la "normalité"ou les règles dictées par la société/la famille, l'influence de l'éducation sur la personnalité d'un être, la folie ou encore l'autodestruction.
L'écriture est délicate et raffinée.
Une très belle réussite !
Une sacrée jolie plante !!

Citations & Extraits


"Si je l'avais épousée, bien qu'elle fût dépourvue de tout charme remarquable, c'était parce qu'elle n'avait pas non plus de défaut notable. La banalité qui caractérisait cette créature sans éclat, ni esprit ni sophistication aucune, m'avait mis à l'aise. Je n'avais pas eu à faire semblant d'être cultivé pour l'impressionner, à me précipiter pour ne pas être en retard à nos rendez-vous, à nourrir des complexes en me comparant aux mannequins des catalogues de mode. Devant elle, je n'avais pas honte de mon ventre, qui avait commencé à se bomber dès l'âge de vingt-cinq ans à peu près, ni de mes bras et de mes jambes, que je n'arrivais pas à muscler malgré mes efforts, ni même de mon sexe, dont les modestes proportions m'avaient toujours inspiré un sentiment d'infériorité que je prenais soin de dissimuler."
"Le pénis de Chunsu dardait à présent, tandis que son visage trahissait son embarras. Elle s’est étendue doucement sur lui, sa poitrine contre la sienne. Ses fesses se sont soulevées. Il les a filmés de côté. L’espace laissé libre entre le corps de la femme, courbé comme celui d’un chat, le ventre et le sexe turgescent de l’homme avait quelque chose de grotesque, évoquant l’accouplement de deux plantes géantes."
"Il a ramené vers le haut du crâne de la femme ses cheveux qui lui cachaient les épaules et s’est mis à dessiner en partant de la nuque. Des boutons de fleurs à moitié ouverts, pourpres et rouges, ont couvert bientôt les épaules et le dos, et de minces tiges ont coulé sur les flancs. Au niveau de la fesse droite s’est épanouie une corolle vermeille, laissant apparaître de gros pistils d’un jaune éclatant."
"Des tiges brunes et persistantes vont-elles pousser sur elle ? Des racines blanchâtres vont-elles s’élancer de ses mains pour s’ancrer dans la terre noire ? Ses jambes vont-elles se tendre vers le ciel et ses mains vers le noyau de la Terre ? Sa taille, étirée jusqu’au point de rupture, va-t-elle supporter ces forces antagonistes ? Lorsque la lumière descendant du ciel va traverser Yônghye, l’eau jaillissant de la terre fera-t-elle naître des fleurs dans son entrecuisse ? Son âme avait-elle eu la vision de tout ceci lorsqu’elle était ainsi dressée, les mains au sol ? "

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