jeudi 2 juin 2016

Le Pigeon de Patrick Süskind****

Editions : Le Livre de Poche, octobre 1988
96 pages
Editeur d'origine: Fayard
Publié en 1987, sous le titre original "Die Taube".

Les thèmes : phobies, absurde, folie, obsessions, "vie pépère", misanthropie


Résumé de l'éditeur


Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d’une bonne vingtaine d’années qui n’avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n’aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour.
Et cela lui convenait tout à fait. Car il n’aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulaient l’ordonnance de sa vie.

Mon avis   ★★★★☆


Un livre très intéressant. Jonathan, un être refermé sur lui-même, obsessionnel, psychorigide, réfugié dans une chambre de bonne qu'il considère comme son havre de paix, un cocon, son nid jusqu'à ce qu'un événement, le pigeon, survienne et bouleverse sa routine bien rangée, quasi mortelle.
S'en suit une réaction phobique de sa part, un traumatisme qui va modifier quelque peu son train-train. Il va ressentir la souffrance pendant son travail, il va découcher et dormir une nuit dans une chambre d'hôtel pour la première fois. 
Cet événement révèle une problème de personnalité plus profond. Jonathan est un traumatisé de la seconde guerre mondiale, sa mère est morte dans un camp, son père a disparu et il a dû se cacher des nazis. Jonathan est un être traumatisé et le moindre chamboulement dans sa vie bien cadrée le fragilise. 
Ce non-événement (la rencontre avec un pigeon absolument inoffensif) sonne comme une renaissance.
A découvrir !

Citations & Extraits


"Comme cela pouvait vous arriver vite, de devenir pauvre et de sombrer ! Comme il s'effritait vite, le fondement apparemment bien assis de toute une existence !"

"Et les femmes aujourd'hui semblaient toutes porter des robes de couleurs vives, elles passaient comme une flamme qui court, captaient irrésistiblement le regard et pourtant ne le laissaient pas se poser."

"La marche apaise. La marche recèle une énergie bénéfique."
"Il avait penché la tête sur le côté et fixait Jonathan de son œil gauche. Cet œil, un petit disque rond, brun avec un point noir au centre, était effrayant à voir. Il était fixé comme un bouton cousu sur le plumage de la tête, il était dépourvu de cils et de sourcils, il était tout nu et impudemment tourné vers l'extérieur, et monstrueusement ouvert ; mais en même temps il y avait là, dans cet œil, une sorte de sournoiserie retenue ; et, en même temps encore, il ne semblait ni sournois, ni ouvert, mais tout simplement sans vie, comme l'objectif d'une caméra qui avale toute lumière extérieure et ne laisse passer aucun rayon en provenance de son intérieur. Il n'y avait pas d'éclat, pas de lueur dans cet œil, pas la moindre étincelle de vie. C'était un œil sans regard. Et il fixait Jonathan."

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