jeudi 30 juin 2016

Macbeth de William Shakespeare****


Editions Gallimard, collection Folio Classique, mai 2010
151 pages (c'est bien trop court !!)
Traduit de l'anglais par Yves Bonnefoy
Première publication en 1623

4ème de couverture


"Ce qu'un homme ose, je l'ose ! Viens à moi sous l'apparence de l'ours russe le plus farouche, du rhinocéros le plus hérissé, du tigre le plus féroce de l'Hyrcanie. prends toute forme sauf celle-ci, et mes nerfs assurés ne trembleront pas. Ou encore : revis, et défie-moi au combat à l'épée jusque sur la lande déserte et si je reste ici à trembler de peur, tu pourras me dire une poule mouillée. Va-t'en, va-t'en, horrible spectre, image sans substance !" (Acte III, scène 4).

Mon avis ★★★★☆


Une pièce absolument divine au climat fantastique et ténébreux empreinte d'ignominies, de culpabilité, de violence, d'illusion, de confusion, de désespoir, de folie, de trahisons et de vengeance, dans laquelle le Mal est omniprésent, tel un poison aliénant la raison.

Le couple démoniaque que forment Lady Macbeth et Macbeth est au coeur de cette pièce. 

Macbeth, présenté au début comme un personnage ambitieux mais réaliste, qui fait preuve de bon sens, va très rapidement (trop rapidement, tout se passe trop vite à mon goût*) s'embarquer dans le chemin du péché, après avoir entendu les prédictions, aveuglé par le gain du pouvoir, et surtout, poussé dans ses retranchements par sa femme, l'inspiratrice, la démoniaque, l'hystérique à l'âme meurtrière.

L'image sur la couverture représente la scène de somnambulisme de Lady Macbeth, scène mémorable dans laquelle elle délire complètement, prise de remords, qui se lave les mains de façon compulsive pensant ainsi effacer toutes traces du délit.

A lire ou écouter en VO ! C'est la réflexion que je me suis faite au vu de certaines notes du traducteur; certains jeux de mots disparaissent en français, et c'est bien dommage !

Au programme prochainement, visualiser l'adaptation cinématographique de Justin Kurzel avec Marion Cotillard et Michael Fassbender (sortie en France en novembre 2015).

* je n'avais pas eu cette sensation en écoutant la pièce de théâtre. 

Extraits 


"L'immonde est beau, le beau est immonde.
Planons dans le brouillard et les miasmes du monde" 
-Les trois sorcières,Acte I,scène I-
"Je n'ai jamais vu un jour si horrible et si beau." -Macbeth,, Acte I scène III-
"Advienne que pourra!
On peut survivre aux hures les plus sombres." -Macbeth, Acte I, Scène III-
"Le ciel fait des économies : il a éteint toutes ses chandelles ..." -Banquo, Acte II scène I-
"Aucun art ne permet, décidément,
De juger de l'esprit à la figure.
Ce gentilhomme-là, je lui aurais fait
La confiance la plus entière." -Duncan, Acte I, Scène IV-
"Me voici résolu! Et je rassemble
Toutes mes énergies pour ce terrible exploit.
Allons, dupons-les tous de notre air affable!
Trompeur
Doit être le visage quand l'est le coeur." -Macbeth, Acte I, Scène VII
"On a tout dépensé en pure perte
Quand on a eu ce que l'on désire, mais sans bonheur.
Et mieux vaut être ce que l'on a détruit
Que de n'en retirer que cette joie qui s'angoisse." -Lady Macbeth, Acte III, Scène II
" Ce qui n'a pas de remède.
Ne lui consentons pas de souvenir!
Ce qui est fait, c'est fait." -Lady Macbeth, Acte III, Scène II
"Ah, malheureux pays,
Presque effrayé de se reconnaître! Peut-on encore
L'appeler notre mère, c'est notre tombe ! On n'y rencontre
Rien qui sourie, sinon qui ne sait rien.
Et les soupirs, les gémissements, les cris qui déchirent l'air,
Nul n'y fait plus attention; l'extrême de la douleur
Y est le lot de tous; sonne le glas des morts
Sans qu'on demande, ou presque, pour qui il sonne,
Et s'achève la vie des honnêtes gens
Avant celle des fleurs de leur bonnet :
On les voit morts avant qu'ils ne soient malades."  -Ross, Acte IV scène III-
"Donne des mots à ta peine! Le chagrin qui ne parle pas
Murmure de se rompre au coeur accablé." -Malcolm, Acte IV, Scène III
"Macbeth est un fruit mûr, et les puissances célestes
Ont préparé leur gaule...Toi, si tu peux,
Accepte notre secours,
Car trop longue est la nuit qui cherche en vain le jour." -Malcolm, Acte IV, Scène III
"La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur
Qui s'agite et parade une heure, sur la scène,
Puis on ne l'entend plus. C'est un récit
Plein de bruit, de fureur, qu'un idiot raconte
Et qui n'a pas de sens." -Macbeth, Acte V, Scène V-


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