jeudi 2 juin 2016

Va et poste une sentinelle de Lee Harper****

Suite du mythique "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur"
Editions Grasset , octobre 2015
336 pages
Roman traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Demarty
Titre originale : "Go set a watchman"

Les thèmes : ségrégation raciale, justice, tolérance, société, politique, relation père-fille


Résumé de l'éditeur

Jean Louise Finch, dite « Scout », l’inoubliable héroïne de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, est de retour dans sa petite ville natale de l’Alabama, Maycomb, pour rendre visite à son père, Atticus. Vingt ans ont passé. Nous sommes au milieu des années 1950, et la nation se déchire autour des questions raciales. Confrontée à la société qui l’a façonnée mais dont elle croit s’être affranchie en partant vivre à New York, Jean Louise va découvrir ses proches sous un jour inédit…

Chronique douce-amère de l’adieu à l’enfance, entre tendresse et férocité, espoir et désenchantement, révolte et révélations, Va et poste une sentinelle est le deuxième roman de l’auteur de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur mais fut écrit avant son livre culte, prix Pulitzer en 1961. Si sa publication constitue aujourd’hui un événement majeur, ce n’est pas seulement parce qu’il aura fallu attendre plus d’un demi siècle pour connaître son existence, ni parce qu’il a d’ores et déjà battu tous les records de ventes (plus d’1,1 million d’exemplaires en une semaine lors de sa parution aux États-Unis), mais aussi, et surtout, parce qu’il s’agit d’un grand livre, puissant, émouvant, dérangeant : un troublant miroir tendu à un monde qui, malgré le passage du temps, nous parle toujours du nôtre.

Mon avis   ★★★★☆


Ce fût agréable de retrouver Scout (surnom de l'héroïne Jean Louise). Elle 20 ans de plus que dans "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur". Elle a changé comme tout le monde en grandissant, elle est devenue une très belle femme, émancipé., elle ne vit plus à Maycomb mais à New-York, ville immense, cosmopolite aux moeurs bien différentes que celles de Maycomb, Alabama. 
Scout vient passer quelques jours dans sa famille à Maycomb. Nous sommes dans les années 1950. Elle retrouve son ami d'enfance Hank (surnom de leur voisin, Henry Clinton), son père, Atticus, et sa vieille tante.
Elle retrouve surtout un pays meurtri, fracturé où la ségrégation raciale est ancrée, où son père, son ami, et tant d'autres, siègent au conseil des citoyens, aux côtés de ceux que son père avait toujours détesté. La colère s'empare d'elle. Comment Atticus peut-il écouter passivement, tranquillement, partager une table avec ces hommes qui prônent la haine, qui sont convaincus de la supériorité des Blancs sur les Noirs ? 
Jean-Louise, jeune femme moderne humaniste, vivant à New-York, se sent trahie par son père, sa famille entière. Son monde s'effondre, sa colère la ravage.
Et puis arrive le dernier chapitre qui nous éclaire, la sentinelle qui offre à Scout, à Jean Louise, une vraie leçon de vie.
Perturbant ! Un très grand roman !

Citations & Extraits

"Ce n'est pas quand nos amis ont raison, qu'ils ont besoin de nous".
"Chacun a son île, chacun a sa sentinelle : sa propre conscience."
"La naissance, chez les humains, est un événement fort déplaisant. Chaotique, extrêmement douloureux, parfois risqué. Toujours sanglant. il en va de même pour les civilisations."
"Le préjugé - un terme péjoratif et la foi - un terme noble - ont quelque chose en commun : ils commencent tous les deux là où la raison s'arrête."
" J'essaie simplement de te faire comprendre les motivations d'un homme, au-delà de ses actes, dit Henry avec calme. Un homme peut te sembler engagé dans quelque chose de détestable à première vue, mais ne t'avise jamais de le juger avant de connaître ses motivations. Un homme peut trépigner de rage en secret, mais être conscient qu'il vaut mieux répondre par la méthode douce plutôt que de laisser éclater sa colère au grand jour. Un homme peut condamner ses ennemis, mais il est plus sage de chercher à les connaître."
"En règle générale, la plupart des femmes, avant de leur mettre le grappin dessus, présentent à leurs hommes un visage souriant et docile. Elles gardent leurs pensées pour elles."
"Elle était trop vieille pour pester contre cette injustice, mais trop jeune pour accepter la maladie débilitante de son père sans lui opposer une forme ou une autre de résistance."
"Son sport préféré était le golf, car on n’avait besoin pour y jouer que de trois éléments essentiels : un club, une petite balle, et un état d’esprit."
"L'amour est la seule chose au monde qui soit sans équivoque. Il existe différentes manières d'aimer, assurément, mais dans tous les cas de figure, c'est tout l'un ou tout l'autre."
"Je me souviens de cette affaire de viol dont tu t'étais occupé, mais j'avais tout faux. Tu aimes la justice, d'accord. Mais la justice abstraite, consignée point par point dans un dossier- ça n'avait rien à voir avec ce gamin noir, tout ce qui te plait à toi, c'est un dossier bien ficelé. Cette affaire venait semer le chaos dans ta vision de la justice, et il fallait que tu y mettes bon ordre. C'est compulsif chez toi, et aujourd'hui tu récoltes ce que tu as semé.
Atticus, je te le dis sans détour et je te le répéterai autant de fois que nécessaire: tu ferais bien d'aller avertir tes jeunes amis que s'ils veulent préserver Notre Mode de Vie, ils devraient commencer par faire le ménage chez eux. Ce n'est pas à l'école ou à l'église que ça commence, mais chez soi. Va donc leur dire ça, et brandis-leur ta fille en exemple, ton aveugle, immorale et dévoyée de fille qui aime tant les nègres. Fais-moi parader dans les rues avec une cloche en disant: "Impure!". pointe-moi du doigt pour révéler à tout le monde ton erreur. Montre-moi du doigt: voici Jean Louise Finch, qui a dû endurer toutes sortes d'avanies de la part des petits péquenots blancs avec qui elle est allée à l'école mais qui aurait pu tout aussi bien ne jamais y mettre les pieds, à en juger par ce qu'elle a retenu de ses cours. Tout ce qui était parole Évangile pour elle,, c'est à la maison qu'elle l'a appris, de la bouche de son père.C'est toi qui a fait germer cette graine en moi, Atticus, et aujourd'hui tu récoltes ce que tu as semé..."

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