vendredi 26 août 2016

Avenue des mystères de John Irving****


Editions Seuil, mai 2016
515 pages
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun et Olivier Grenot

Quatrième de couverture


Lors d’un voyage aux Philippines, Juan Diego Guerrero, écrivain américain célèbre et vieillissant, revit en rêves récurrents les épisodes de son adolescence au Mexique, à la lisière de la décharge publique de Oaxaca où lui et sa sœur Lupe ont grandi.
Infirme depuis le jour où une voiture lui a écrasé le pied, Juan Diego a en outre le cœur fragile; il prend régulièrement des bêtabloquants, qui le protègent des émotions, et occasionnellement du Viagra, car on ne sait jamais…
Des émotions, il en aura tout au long de son périple, notamment avec Miriam et Dorothy, mère et fille aussi désirables qu’inquiétantes.
Ballotté d’hôtels en aéroports, Juan Diego se remémore entre autres la mort de sa mère, femme de ménage chez les jésuites et prostituée à ses heures, « tuée » par une statue géante de la Vierge Marie; son adoption par un couple improbable rencontré dans un cirque, où son destin et celui de sa petite sœur extralucide basculent. Marqué par le hasard et l’inéluctable, ce destin s’accomplira peut-être dans une modeste église au fin fond d’un quartier pauvre de Manille.
Dépaysement assuré dans ce récit jubilatoire et débridé, qui se teinte de gravité lorsqu’il aborde les mystères insondables de la condition humaine.

« Chez ce conteur prodigieux, le réalisme se grime d’une fantaisie congénitale et l’extravagance baroque atteint des sommets improbables.» — The Boston Globe

John Irving, né en 1942, a vécu en Nouvelle-Angleterre avant de s’installer au Canada. Depuis la parution du Monde selon Garp, qui l’a propulsé en 1978 sur la scène littéraire internationale, il accumule les succès tant auprès du public que de la critique. Son œuvre est traduite dans une quarantaine de langues. Avenue des mystères est son quatorzième roman.



Mon avis ★★★★☆



Irving, ou quand la magie opère à chaque fois !

Merci Mr Irving. J'ai, une fois de plus, passé, un très bon moment à vous lire. Votre imagination est sans limite, vos personnages toujours si colorés et si profondément humanistes, et vos intrigues si drôles parfois, si loufoques souvent, toujours décapantes, extravagantes, extraordinaires !

Ce roman ne déroge pas à la règle, les ingrédients qui font le succès des récits de John Irving y sont naturellement bien présents; des personnages attachants : Lupe, l'extralucide et télépathe, qui parle une langue incompréhensible, Flor, travesti, dont un jésuite, Edward Bonshaw, Eduardo, tombe follement amoureux, Juan Diego, autodidacte, le surdoué de la décharge publique, et bien d'autres personnages, Pepe, El Jefe, la Merveille..., des situations tristes qu'y sous la plume de l'auteur prennent des allures loufoques, des rebondissements hallucinants, des histoires atypiques, le cirque, l'orphelinat, la religion et ses bizarreries, l'évocation des années sidas, la prostitution, le féminisme, le sexe et la mort.
Ce livre foisonne de flash-backs et ce sont ces retours dans le passé de Juan Diego et de sa soeur Lupe que j'ai adorés. La vie, au présent, de Juan Diego, m'a moins emballée, et j'avoue ne pas avoir apprécié les moments que Juan partage avec Miriam et sa fille Dorothy, deux femmes rencontrées lors de son périple en Asie. Il m'a manqué davantage d'explications sur ces deux femmes, et sur leur relation avec Juan Diego. Passages sous exploités ou tout simplement trop obscurs pour moi ...

Ce n'est pas son meilleur roman, Le Monde selon Garp, L'épopée du buveur d'eau, Les Enfants de la balle, L'Hôtel New Hampshire restent mes favoris, et je conseillerai aux nouveaux lecteurs de John Irving de commencer plutôt par ces romans. 

Avenue des mystères est néanmoins, un très bon roman, de nombreux excellents passages émerveilleront les aficionados de John  Irving, à n'en pas douter...(ce n'est que mon avis, bien entendu).

Citations et Extraits


Il y avait quelques très bons livres sur la banquette arrière de la petite Volkswagen; il les considérait comme la meilleure protection contre le mal. Car la foi en Jésus elle-même n'avait pas le caractère tangible d'une pile de bons bouquins.  p.13
"Il vient toujours un moment dans la vie où il faut lâcher les mains, les deux mains."  p.22
"Tes bêtabloquants, ils me bloquent aussi la mémoire, ils me volent mon enfance, ils me volent mes rêves ! "  p.23
"Derrière chaque voyage, il y a une raison."    p.32
Lorsque Edward était nerveux ou intimidé, il se récitait cette devise.
HAUD ULLIS LABENTIA VENTIS : Contre vents et marées.   p.63
"Où sommes-nous ? On croirait voir l'Hadès, et le sentir, aussi. A quels terribles rites de passage ces malheureux enfants se livrent-ils ici ?"  demanda-t-il non sans grandiloquence.  p.67
Tandis que le patron de la décharge espérait un miracle, un de ceux dont il croyait la Vierge capable, le nouveau missionnaire américain était sur le point d'en devenir un, et des plus crédibles, dans la vie de Juan Diego, lui qui n'était pourtant pas un saint mais un sacré condensé de fragilités humaines.  p.80
[...]. Le surplace, l'eau qui vous porte, la nage en chien, c'est un peu comme écrire un roman, Clark, fit remarquer Juan Diego à son ancien élève. On a l'impression de faire un long parcours, parce que celà représente beaucoup de travail, mais en réalité, on revient sur d'anciens sujets, on se traîne en terrain familier.  p.341
"Si votre vie va de travers ou si vous êtes à la croisée des chemins, Mexico a peu de chances de répondre à vos rêves, avait écrit Juan Diego dans un de ses premiers romans. Il faut savoir où on en est pour s'y établir."   p.343
"Le passé l'entourait comme des visages dans une foule."  p.361
"Dans la vie, il y a toujours un moment où l'on doit décider où est sa place. Et là, on ne peut compter que sur soi : on marche tous dans les airs. Tu sais, les grandes décisions, il faut peut-être les prendre sans filet. Dans la vie, il arrive toujours un moment où il faut lâcher prise."  p.427
L'enchaînement des événements, la trame de nos vies, ce qui nous mène sur le chemin, vers les buts que nous nous sommes fixés, ce que nous ne voyons pas arriver et ce que nous faisons...autant de mystères, autant d'angles morts. Autant d'évidences, aussi.   p.430
Parfois les rêves accélèrent le cours des choses, ils resserrent la marche du temps.   p.462



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