mardi 14 juin 2016

Kinderzimmer de Valentine Goby*****


Editions Actes Sud, Août 2013
224 pages
Prix Jean Monnet des jeunes Européens - 2014
Prix des Libraires - 2014
Prix SOS Libraires Littérature française - 2014

Résumé éditeur


En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.

Mon avis  ★★★★★


Un roman grave, bouleversant, magistral.
L'écriture est précise, ciselée, pointue et apporte tellement de réalisme aux descriptions des conditions de vie dans le camp, la maladie, la faim, le manque d'hygiène, l'horreur du camp, la cruauté, la mort …
Un témoignage implacable.
Cette histoire m'a saisie, touchée de part le sujet qu'il traite, et de part son style.

"En Allemagne on tue les Juifs; on tue les malades et les vieillards par piqûre et par gaz, elle le tient de Lisette, de son frère, du réseau; il y a des camps de concentration; elle n’est ni juive, ni vieille, ni malade. Elle est enceinte, elle ne sait pas si ça compte, et si oui de quelle façon."

"Le camp est une régression vers le rien, le néant, tout est à réapprendre, tout est à oublier."

"Mila se retourne :
– Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ?
– La même chose que toi. Une raison de vivre."

"… dire, dire maintenant, pour qu’un jour ce soit dit dehors par elle ou par une autre, qu’importe, que celles qui réchappent soient armées de ses yeux, des yeux de toutes."

"C'est là que la gorge serre, face à l'image ultime, la certitude d'une dernière fois, de ne plus jamais voir ce corps minuscule. Et la laideur des flammes léchant la chair jusqu'au squelette, brûlant les os. Perdre les os. Le déchirement qui s'est produit, la sensation d'amputation intime, c'est peut-être l'amour ?"

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