lundi 6 juin 2016

Le Montespan de Jean Teulé****



Editeur : Pocket - Date de parution : Mars 2009
Edition originale : Julliard (Mars 2008)
320 pages
Grand Prix du roman historique


Résumé éditeur


Au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque était pour les nobles une source de privilèges inépuisable. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Mme de Montespan, chacun, à Versailles, félicita le mari de sa bonne fortune. C'était mal connaître Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan… Gascon fiévreux et passionnément amoureux de son épouse, Louis-Henri prit très mal la chose. Dès qu'il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes gigantesques et entreprit de mener une guerre impitoyable contre l'homme qui profanait une union si parfaite. Refusant les honneurs et les prébendes, indifférent aux menaces répétées, aux procès en tous genres, emprisonnements, ruine ou tentatives d'assassinat, il poursuivit de sa haine l'homme le plus puissant de la planète pour tenter de récupérer sa femme…

Mon avis   ★★★★☆


Superbe récit, c'est une autre façon de (re)découvrir l'Histoire, et entre autre celle du cocu le plus célèbre du XVIIème siècle, Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin , marquis de Montespan, un personnage épatant, formidable, courageux qui va passer une porte partie de son existence à essayer de récupérer sa femme, devenue la favorite du roi. Un marquis fou d'amour pour sa femme, qui a une grande confiance en sa femme, et qui gardera jusqu'à quasiment la fin de sa vie, l'espoir de la revoir revenir vivre auprès de lui. « Epoux séparé quoique inséparable…. »
Certaines anecdotes semblent incroyables, comme celle du Montespan, apprenant qu'il est cocu, fait ajouter des cornes à son carrosse, afin de montrer publiquement qu'il est cocu et indigné. Parce que là, où à l'époque, certains courtisans n'y voyaient que des privilèges, Louis-Henri, lui, fou amoureux de sa femme, n'y voit que de l'injustice et se révolte.
C'est aussi un portrait réaliste de cette époque : l'absence d'hygiène de ce siècle, la cour de Louis XIV, la dureté des moeurs de l'époque, les frasques du Roi.
Le ton est moderne, la langue expressive, parfois verte, le rythme haletant, les tournures de phrases de l'époque ("se rôtir le balai dans ma fille", "vertubleu"...) plantent le décor, nous sommes bien au XVIIème siècle. J'ai littéralement été happée par cette épopée amoureuse. 
C'est un roman d'une lucidité impitoyable et d'une drôlerie ô combien efficace.
Je lirai à présent autrement "Amphitryon" de Molière et "Esther" de Racine, qui racontent, le premier l'histoire du Marquis moqué par la Cour, et le deuxième ouvrage, celui de l'évincement de Mme de Montespan par Mme de Maintenon.

Citations & Extraits

"-Si la lettre est pour votre femme, jointe à mon tableau, inutile de fermer l'enveloppe. Au palais, le service de contrôle du courrier-le "cabinet noir du roi"-interceptera vos mots.
-Ah, vous avez raison, reconnait Louis-Henri.
Alors le marquis, d'une insolence et d'une morgue inversement proportionnelles à sa petite fortune, écrit sur le verso de l'enveloppe :
Aux salauds et salopes qui entourent Sa Majesté et trouvent à se divertir dans ma correspondance !"
"Je lègue mes biens à mon épouse à condition qu'elle se remarie. Ainsi il y aura tout de même un homme qui me regrettera !"
"Ça fait quand même chier de devoir tout payer avec des pièces à l'effigie de la tête de l'amant de sa femme! Surtout qu'il est moche, ce nain sale."

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