mardi 7 juin 2016

Sigmaringen de Pierre Assouline*****


Editeur : Gallimard - Date de parution : Janvier 2014
368 pages

Résumé éditeur


En septembre 1944, un petit coin d'Allemagne nommé Sigmaringen, épargné jusque-là par les horreurs de la guerre, voit débarquer, du jour au lendemain, la part la plus sombre de la France : le gouvernement de Vichy, avec en tête le maréchal Pétain et le président Laval, leurs ministres, une troupe de miliciens et deux mille civils français qui ont suivi le mouvement, parmi lesquels un certain Céline. 
Pour les accueillir Hitler a mis à leur disposition le château des princes de Hohenzollern, maîtres des lieux depuis des siècles. Tout repose désormais sur Julius Stein, le majordome général de l'illustre lignée. Depuis les coulisses où il œuvre sans un bruit, sans un geste déplacé, il écoute, voit, sait tout. 
Tandis que les Alliés se rapprochent inexorablement du Danube et que l'étau se resserre, Sigmaringen s'organise en petite France. Coups d'éclat, trahisons, rumeurs d'espionnage, jalousies, l'exil n'a pas éteint les passions. Certains rêvent de légitimité, d'autres d'effacer un passé trouble, ou d'assouvir encore leurs ambitions. 
Mais Sigmaringen n'est qu'une illusion. La chute du IIIe Reich est imminente et huit mois après leur arrivée tous ces Français vont devoir fuir pour sauver leur peau. 
De ce théâtre d'ombres rien n'échappe à Julius Stein. Sa discrète liaison amoureuse avec Jeanne Wolfermann, l'intendante du maréchal, le conduira à sortir de sa réserve et à prendre parti.

Mon avis  ★★★★★


Un roman et un témoignage historique étonnant.
J'ai découvert l'existence de Sigmaringen, qui a vu débarquer en septembre 1944, le gouvernement pétainiste. Hitler leur a assigné résidence dans le château des princes de Hohenzollern. Toute la famille princière est envoyée vivre à Wilflingen à quelques kilomètres de là. Seuls les domestiques restent pour servir le gouvernement.
Et c'est Julius le "major domus", qui nous conte ce récit historique d'une très grande précision.
Ils sont tous là : Pétain, Laval, Fernand de Brinon, Déat, Céline… 
Il y a plusieurs facettes dans ce roman :
-le monde de la domesticité attentif aux moindres au détail travaillant dans une discipline quasi militaire, 
-le gouvernement en exil, ses complots, ses réunions de travail des ministres "actifs" qui pensent encore diriger la France
-et enfin, la France d'en bas du château, des civils expatriés français, des collaborateurs, des lâches, parqués en ville où règne la misère. 
J'ai découvert ce très sombre épisode de l'Histoire et très apprécié le conteur, Julius, très attachant, surprenant , très cultivé, plein d'humour, qui sert ces gens avec beaucoup de dignité alors qu'il n'adhère pas à leurs idées et actes. 
Très très bon roman.


"Les raisons de cette sauvagerie qui s'est emparée de tant des nôtres, car il y a bien eu une logique à tout cela. Elle est si fine et si fragile, la membrane qui nous protège des horreurs que nous pourrions commettre. Il suffirait d'un rien." p 333

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