mardi 19 juillet 2016

La part de l'autre de Eric-Emmanuel Schmidt***




Editions Albin Michel, 2001
492 pages

4ème de couverture


« 8 octobre 1908 : Adolf Hitler est recalé.

Que se serait-il passé si l’Ecole des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d’artiste ?

Cette minute-là aurait changé le cours d’une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde… »

Mon avis  ★★★☆☆ (2,5)


J'avais adoré Oscar et la dame en rose, Ibrahim et les fleurs du Coran, Concerto à la mémoire d'un ange, Ulysse from Bagdad, L’évangile selon Pilate ...  

La part de l'autre m'a beaucoup moins emballé, beaucoup moins inspiré que ceux cités ci-dessus (ce n'est que mon avis !) 
Dommage, dommage. Je m'attendais à une véritable uchronie (ce que nous vante la 4ème de couverture). 
L'idée me plaisait, innovante, originale : faire un parallèle entre une biographie d'Hitler et une biographie uchronique d'un Hitler reçu aux Beaux-Arts.
Mais voilà, il ne se passe pas grand chose, on n'apprend rien de bien alléchant sur ce qu'aurait pu être le monde sans la Seconde Guerre Mondiale. Le Hitler peintre, est devenu un gentil petit professeur d'art enseignant à l'université, qui s'est bien entendu fait psychanalyser, et qui baise.
Rien de bien captivant, mais il faut reconnaître qu' Eric-Emmanuel Schmitt manie plutôt pas mal la plume ... ce qui m'a permis d'aller jusqu'au bout de ce pavé.

Comme déjà écrit, ce n'est que mon humble avis, ce roman a plu, beaucoup plu, il m'avait été conseillé avec un enthousiasme certain. Je n'ai simplement pas partagé cet enthousiasme.

Extraits & Citations


"...le bonheur se fortifie du malheur d'autrui." p.15
"Guido tenait tris femmes sur ses genoux et toutes semblaient se disputer en gloussant la faveur de monter avec lui.Hitler ne reconnaissait plus son ami. Ce qu''il avait aimé en Guido, c'était l'Italie. L'Italie fastueuse et simple, vive et décadente, présente et absente, où dans la voix d'un prolétaire traînaient toujours les ors de l'opéra. Mais ce soir, il n'aimait plus Guido, il n'aimait plus l'Italie, il n'en voyait que la vulgarité, la vulgarité épaisse, charnelle, fumante, offerte. Lui, tout au contraire, il se sentait pur, puritain, germanique.Pour combattre sa déception intérieure, et pour se donner une contenance, il saisit un crayon et, sur la nappe de papier, il dessina Guido comme il le voyait : un Satan qui puait le sexe." p.37
"Avec bonté, Freud assistait à la deuxième naissance de ce garçon. Sans un scalpel, sans une entaille, sans déchirer de chair et sans verser de sang, il avait guéri un individu désespéré ; un adolescent s'était couché sur son divan, un homme s'en relèverait. Un spectre disparaissait, le spectre de qu'aurait pu être Adolf Hitler sans thérapie. "Un malheureux sans doute, pensa Freud, un criminel peut-être. Qui sait ? Allons, ne nous flattons pas trop." " p.87
"Délicieux moment où l'on profite pleinement de ce que l'on va perdre. Moment de bonheur, enrichi de la nostalgie du bonheur." p.134/135
"Pire qu'une déception, la guerre devenait pour eux une trahison. Trahir leur idéal artistique pour devenir fantassin. Trahir des années d'études pour transporter une mitraillette. Trahir ce long travaille de construction de soi pour réduire à un numéro dans un corps d'armée. Et, surtout, trahir cet ajout généreux de nouveaux êtres au monde qu'est l'activité créatrice, pour s'enrôler fans une tuerie généralisée, une oeuvre de destruction, la fuite en avant dans le vide." p.163
"La nuit, je ne me bats pas comme un Autrichien contre des Français, je ne me bats même pas comme un homme contre d'autres hommes; je me bats comme une bête contre la mort. Je sauve ma peau. Je tire contre la mort, je balance des grenades à la mort, pas à l'ennemi. Le jour, je suis une bête aussi. Je n'attends rien que le digestif. Manger. Passer une heure sur les feuillées, le cul à l'air à me vider d'une diarrhée. Puis manger. Dormir un peu. Manger. La vie s'est réduite à la vie. A la lutte pour la vie." p.193
"Tout dépend du hasard. On ne prie pas le hasard. Il n'arrive rien que de fortuit. On est fortuitement affecté dans tel régiment. On est fortuitement à dix mètres ou à deux centimètres de l'obus. On naît fortuitement. On meurt fortuitement." p.206
"C'est une guerre de métal, de gaz et d'acier, une guerre de chimistes et de forges, une guerre d'industriels où nous, pauvres tas de chair, nous ne servons plus à combattre mais à vérifier que leurs produits tuent bien." p.236
"Si tu admets le principe de la nation, tu admets le principe d'un état de guerre permanent." p.237
 "En amour, on appelle ça un étalon; en politique, un démagogue. Le secret de la réussite, c'est de ne penser qu'à la jouissance de l'autre." p.364
"A quarante ans, (...) vous décidez de ne plus peindre. En fait ce que vous désirez, c'est décider. Maîtriser votre vie. La dominer. Fût-ce en étouffant ce qui s'agite en vous et qui vous échappe. Peut-être ce qu'il y a de plus précieux. Voilà vous avez supprimé la part de l'autre en vous comme à l'extérieur. Et tout ça pour contrôler. Mais contrôler quoi ?" p.398
"Comment peut-on choisir l'obscur ?" p.465
"Un idiot qui doute est moins dangereux qu'un imbécile qui sait." p.480
"Un homme est fait de choix et de circonstances. Personne n'a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix." p.492


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