jeudi 1 septembre 2016

Hamlet de William Shakespeare***


Editions Hatier, Collection : Classiques & Cie Lycée, janvier 2012
157 pages
Traduit par Michel Grivelet

Quatrième de couverture



Qui a tué le roi Hamlet ? Sa veuve, la reine Gertrude ? Son frère Claudius, devenu roi en épousant la veuve ? Le jeune prince Hamlet, visité par le fantôme de son père, les soupçonne tous deux...

"Il est admis par tous qu'Hamlet est plus vivant qu'un homme qui passe." Alfred Jarry

Mon avis ★★★☆☆


To be, or not to be, that is the question....


J'adore cette pièce, malheureusement, je ne suis pas tombée sur une très bonne traduction, et j'en ressors plutôt déçue.

De célèbres vers sont écorchés, quel dommage ! Je vous conseille d'éviter la traduction de Michel Grivelet (ce n'est que mon avis).
Voici deux traductions, parmi tant d'autres, qui ont irrité mes sens :

"Etre ou bien ne pas être ; c'est cela la question." Acte III, Scène Première. 

HAMLET : Madame, puis-je me mettre à vos genoux ? 
OPHÉLIE : Non, monseigneur.
HAMLET : Je veux dire la tête sur vos genoux.
OPHÉLIE : Oui, monseigneur.
Acte III, Scène 2
J'avais préféré une autre traduction de ce vers de Hamlet : "Madame, me coucherai-je entre vos genoux ?", qui sonne davantage ambigu.

Néanmoins, Hamlet est une très grande pièce, (qui mérite bien plus que trois étoiles) une des plus longues de William Shakespeare, une oeuvre (que dis-je, un chef-d'oeuvre !) dense et foisonnante : trahison (le grand Hamlet s'est fait doubler par son frère Claudius), mort, vengeance, folie, manipulation, amour, conditions sociales, des personnages aux actes froidement prémédités et monstrueux mais qui ne sont pas présentés comme des êtres puissamment maléfiques. 

J'adore la richesse du texte, le langage cru et poétique à la fois, l'humour, le rythme soutenu du texte du début jusqu'à la fin, l'intrigue simple, la plume de William Shakespeare talentueuse et profondément efficace, les monologues exceptionnellement captivants (ceux de Hamlet sont riches et extrêmement beaux), les personnages aux caractères distincts et facilement identifiables qui me captivent.

Une pièce à lire et à relire, à voir surtout et à revoir.


Reproches d' Hamlet à Ophélie, Eugène Delacroix, Photo RMN Grand Palais 
Le chant et la folie d'Ophélie, Eugène Delacroix, Photo RMN Grand Palais 
Le suicide d'Ophélie, Eugène Delacroix, Photo RMN Grand Palais 


Extraits


GERTRUDE : Cher Hamlet, bannis cette couleur de nuit,
  Et vois d'un œil ami le roi de Danemark.
  Ne reste pas toujours, les paupières baissées,
  Cherchant ton noble père dans la poussière.
  C'est le sort commun, tu le sais, tout vivant doit mourir,
  Passant par la nature jusqu'à l'éternité.
  Acte Premier, Scène 2
HAMLET : [...]
  Mort de seulement deux mois - non, pas tant, pas deux -
  Un roi si excellent, auprès de celui-ci
  Tel Hypérion auprès d'un satyre, si tendre pour ma mère
  Qu'il n'eût pas enduré que le vent des cieux
  Touchât trop rudement son visage. Ciel et terre !
  Faut-il m'en souvenir ? Oh ! elle se pendait à lui
  Comme si l'appétit allait en grandissant
  D'être rassasié ! Et pourtant, dans le mois -
  N'y pensons pas; fragilité, ton nom est femme -
  Un petit mois, les souliers étaient encore neufs
  Qu'elle avait pour suivre le corps de mon pauvre père,
  Comme Niobé, toutes larmes, eh bien, elle, oui elle -
  Ô Dieu ! une bête, bien que dépourvue de raison,
  Eût pleuré plus longtemps ! - épousait mon oncle,
  Le frère de mon père, mais pas plus pareil à mon père
  Que moi à Hercule; en moins d'un mois,
  Avant même que le sel de très trompeuses larmes
  Eût cessé d'irriter et de rougir ses yeux,
  Elle l'avait épousé. Oh ! très coupable hâte
  Si leste à se jeter en des draps incestueux !
  Ce n'est pas bien, et rien n'en sortira de bien.
  Mais brise-toi, mon coeur, je dois tenir ma langue.
  Acte Premier, Scène 2
HAMLET : L'esprit de mon père en armes ! Tout n'est pas comme il faut,
Je flaire un mauvais coup. Que n'est-t-il déjà nuit !
Jusque-là, sois calme, mon âme. Les actes criminels,
Seraient-ils recouverts par la terre tout entière,
Inévitablement viendront à la lumière.
Acte Premier, Scène 3
POLONIUS : Et prends soin de graver ces quelques préceptes
  Dans ta mémoire. Ne dis pas mot de tes pensées,
  Ni n'agis sous le coup d'une pensée sans règle.
  Montre-toi familier, en aucun cas vulgaire.
  Les amis que tu fais, les ayant éprouvés,
  Fixe-les à ton coeur par des cercles d'acier,
  Mais ne va pas blaser ta main à recevoir
  Tout blanc-bec frais éclos, en camarade. Prends garde
  D'entrer dans une querelle, mais, y étant,
  Soutiens-la à faire prendre garde à ton adversaire.
  Prête l'oreille à tous, ta voix à peu de gens.
  Prends l'avis de chacun, mais réserve le tien.
  Aie des habits de prix autant que peut ta bourse,
  Mais sans extravagance; cossus mais pas voyants.
  Car  c'est le vêtement qui souvent montre l'homme.
  Et les meilleurs en France des gens de qualité
  L'emportent ici surtout en noble distinction.
  Ne sois ni emprunteur ni prêteur, car souvent
  On y perd et le prêt et l'ami, et emprunter
  Émousse le tranchant d'une bonne gestion.
  Ceci par-dessus tout - sois loyal à toi-même,
  Et de là doit s'ensuivre, comme la nuit le jour,
  Que tu ne saurais être déloyal à personne.
  Adieu - ma bénédiction mûrisse en toi ces choses.
  Acte Premier, Scène 3
HAMLET : Elle ne veut pas parler. Je m'en vais donc la suivre.
HORATIO : N'en faites rien, monseigneur.
HAMLET : Eh, que craindrais-je ?
  Je fais cas de ma vie autant que d'une guigne,
  Et quant à mon âme, que pourrait-elle lui faire
  puisqu'elle est immortelle comme elle l'est elle-même ?
  Acte Premier, Scène 4
POLONIUS : Ophélie, promenez-vous ici. - Sire, s'il vous plaît,
  Nous allons nous poster. - Lisez donc cet ouvrage,
  afin que l'apparence d'être ainsi occupée colore
  votre solitude. En ceci souvent on est à blâmer :
  les preuves en surabondent, vidage dévot
  et pieuse action nous servent à enrober de sucre
  le diable même.
  Acte III, Scène Première
HAMLET : On m'a parlé aussi de la façon que avez de vous
  peindre, bien sûr. Dieu vous a donné un visage, et vous vous
  en faites un autre. Vous vous trémoussez, vous ondulez des
  hanches, vous zézayez, vous affublez de sobriquets les créa-
  -tures de Dieu, et mettez ces manières de dévergondées sur le
  compte de votre ignorance. Allons donc, j'en ai assez.Cela
  m'a rendu fou. Ecoutez, on ne fera plus de mariages. Ceux
  qui sont déjà mariés - à l'exception d'un seul - vivront. Les
  autres resteront comme ils sont. Au couvent, va.
Acte III, Scène Première
CLAUDIUS : Comment va notre cousin Hamlet ?
HAMLET : A la perfection, ma foi, nourri comme le caméléon.
  Je mange de l'air, bourré de promesses. On n'engraisse pas
  de chapons à ce régime-là.
  Acte III, Scène 2
HAMLET : Ce drôle n'a donc pas conscience du métier qu'y fait
  pour chanter en creusant en creusant une tombe ?
HORATIO : L'habitude lui rend la chose indifférente.
HAMLET : C'est bien cela ; la main qui travaille peu n'en est
  que plus délicate.
  Acte V, Scène Première
ROSENCRANTZ : Je ne vous comprends pas, monseigneur.
HAMLET : J'en suis bien aise. En sotte oreille malin propos sommeille.
  Acte IV, Scène 2
CLAUDIUS : Eh bien, Hamlet, où est Polonius ?
HAMLET : A souper.
CLAUDIUS : A souper ? Où cela ?
HAMLET : Non pas là où il mange, mais où qu'il est mangé. Une
  certaine assemblée de vers politiques se sont mis après lui.
  Il n'y a que le ver pour faire aussi bonne chère qu'un empereur.
  Nous engraissons toutes les autres créatures pour nous
  engraisser, et nous nous engraissons nous-même pour les asticots.
  Roi bien gras et mendiant maigre, cela ne fait qu'un
  menu varié - deux plats, mais pour une seule table. Tout finit
  par là.CLAUDIUS : Hélas, hélas !
HAMLET :On peut prendre un poisson avec un ver qui a mangé
  d'un roi, et manger le poisson qui s'est nourri de ce ver.
CLAUDIUS : Que veux-tu dire par là ?
HAMLET : Rien, sinon vous montrer comment un roi peut se
  rendre en voyage officiel dans les tripes d'un mendiant.
  Acte IV, Scène 3


Pour en savoir plus sur la château d' Hamlet :






2 commentaires:

  1. J'ai apprécié votre critique de Knock sur babelio, laquelle m'a conduit à votre blog, lequel me mène à Hamlet ....
    Connaissez vous la traduction de la pièce par Yves Bonnefoy, notre grand poète récemment décédé, traduction fidèle d'entre les fidèles

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    1. Le texte de Shakespeare a été traduit par tellement de personnes que je m'y perds un peu. Je ne connaissais pas la traduction d'Yves Bonnefoy. Merci !

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