dimanche 18 mars 2018

Je reviens d'un long voyage ★★★★☆ de Stéphane Cognon

Pierre Desproges avait une réflexion là-dessus : 
"Si tu parles à Dieu tu es croyant, 
s'il te répond tu es schizophrène."

Une critique sur Babelio qui me fait de l'oeil, une idée lecture ajoutée à ma bibliothèque virtuelle, une lecture qui ne se concrétise pas toujours car au détour d'un passage en librairie, ou d'une présentation de la rentrée littéraire, de nouvelles lectures s'ajoutent aux nombreux, très nombreux livres qui me tendent déjà leur bras depuis un moment. Mais ça, c'était sans compter sur Steperco, pour me rappeler que je ne pouvais pas passer à côté de cette lecture, et que rien ne servait de la retarder puisque de toute façon en moins de deux heures, je l'achèverai.

Je te dois un grand MERCI Stéphane, merci pour ce voyage que tu partages avec ton lecteur en toute simplicité, avec humour, pudeur et émotion. Ton voyage, ton récit, ton expérience personnelle, ton aventure douloureuse ... je me suis laissée embarquer, j'ai souri, j'ai ri , j'ai versé des larmes, aussi. Avec justesse, franchise et beaucoup de courage, tu t'empares d'un sujet pas évident, et nous permets, à nous lecteurs, de suivre ton chemin, ton parcours chaotique. J'ai aimé ce détachement, cette légèreté qui donnent tant de force à tes mots, nous révélant tes maux. 

C'est au cinéma que je côtoie la schizophrénie : Gollum, Nina Sayers, Teddy Daniels...autant de personnages qui m'atteignent en plein coeur à chaque fois. 
Il y a deux ans, j'ai rencontré une maman atteinte de bipolarité. Le regard et le jugement des autres, et son dénie aussi je crois, l'ont perdue à jamais. Ton récit prouve que, quand le cerveau déraille, l'issue peut avoir un tout autre goût, avec un traitement, un suivi médical et surtout beaucoup, beaucoup d'amour...l'entourage est précieux.
Quel bel hommage tu rends à tes parents, à ta femme. Ils doivent être fiers de toi. Et bravo à toi. Ton récit, est, je l'imagine, qu'une infime partie de ce par quoi tu as dû passer. Ta retenue rend ton témoignage plus grand encore.

"Un certain romantisme de la folie" (chapitre 17) ou le lien étroit entre le génie et la folie. Lors des deux lectures consécutives de ton histoire, je me suis arrêtée à chaque fois sur ce chapitre, laissant mon esprit divaguer et me remémorer visualiser les œuvres et les personnes que tu y cites. Derrière la génialité peut se cacher un être en souffrance...oui, en effet.
L’histoire de l’art ne manque pas de génies qui ont côtoyé la folie… Mais cela ne doit pas faire oublier que la folie est une souffrance. Le fou n’est pas marginalisé par choix mais de fait, il ne peut plus vivre comme tout le monde, il n’y arrive plus.
Un petit bout de livre, qui ne peut laisser indifférent, un petit bijou, à lire, à relire encore et encore, pour changer notre regard, mettre de côté nos à priori, et nous concentrer sur l'essentiel... l'humain, tout simplement. 

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Combattre les idées reçues. Qu’est-ce que c’est que ce discours sur la schizophrénie? Ce n’est pas ça! Je le sais moi, je peux te raconter! Les fous ne sont pas tous dangereux ! 
... est-ce qu'on est bien armé pour prendre le contre-pied de millénaires de peur et de folie, ou pour modifier une centaine d'années de crainte de la psychiatrie ou encore la simple peur de la différence ancrée dans la nature humaine. Alors on garde tout ça pour soi, on se fond dans le paysage citoyen lambda qui se lève, prend les transports et va au travail, disserte avec ses collègues de travail, fait son job et finit par avoir peur de l'autre et de sa différence, comme on a pu avoir peur de lui en d'autres temps.
Tu sais moi aussi, j'ai eu besoin ... de me perdre...
Mon esprit divague parfois en escaliers, dévalant les marches quatre à quatre ou à l’inverse sautant de palier à palier vers un ciel hors d’atteinte. 
Et puis arrive le moment où il faut le dire, il faut l’avouer...c'est le moment, il faut prendre son courage à deux mains...Bon, tant pis, il faut y aller...«Maintenant, c’est réglé.» «Je suis suivi.»
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Quatrième de couverture

À 48 ans, j’ai éprouvé le besoin d’écrire sur ce qui m’était arrivé à l’âge de 20 ans. Je n’ai rien oublié de cette période, et désormais je peux en parler avec suffisamment de recul et de distance au point de trouver certaines situations drôles, cocasses ou au contraire tristes, mais sans complaisance.

Grâce à mon entourage et au monde médical, j’ai réussi à trouver mon équilibre, à fonder une famille. En partageant mon histoire, mes rencontres, mes réflexions, j’aimerais vous proposer un autre regard sur la maladie psychique. Un témoignage optimiste sur mon voyage initiatique.

Editions Frison Roche,  janvier 2018
76 pages

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